Leurs Ailes
Comédienne : Karine Fellous
Création sonore et enregistrement : Arthur Raphanel
Texte : Isabelle Lelouch
Disponible chez Thyma Éditions
L’ogre et l’ingénue
Tu n’as que treize ans Ton père est absent
Ta mère en détresse Tu’attends les caresses
D’un prince charmant Qui t’sauv’ du néant
Les princes charmants Sauvent du néant
Lui a cinquante ans Il est sans r’tenue
Il est fascinant Pour les ingénues
Les adolescen- t(es) il en est féru
Il est fascinant Pour les ingénues
Mais tu es l’élue Le crapaud n’est plus
Puisqu’il dit je t’aime T’écrit des poèmes
Le Prince Charmant Te sort du carcan
Puisqu’il dit je t’aime
Ce n’est pas un prince Mais un ogre affreux
Qui met dans ses pinces Ton corps délicieux
Qu’il dévore dévore Et qu’il déshonore
C’est un ogre affreux Qui te déshonore
Est-c’qu’il fait partie De la belle élite ?
L’élite hypocrite Celle qui abrite
Ce genre de crime Que l’on dit sublime
On le dit sublime Ce genre de crime
Dans son dépotoir Tu n’es qu’une proie
Broyée par la honte Et le désespoir
Tu te sens immonde Que fais-tu au monde ?
Broyée par la honte
Vers ce parapet Tu voudrais aller
Pour ne plus penser A tous ces méfaits
Et que la rivière Prenne tes misères
Et que la rivière Prenne tes misères
Mais voilà l’ami Qui dans le péril
Te donne secours Plus tard dans l’amour
L’affreux sortilège Fondra comme neige
L’affreux sortilège Fondra comme neige
Voilà, tu écris Le prédateur pris
Est même enfermé Dans tes mots glacés
Le prédateur pris Est j’té aux orties
Le prédateur pris
Tu écris pour nous Sortons de la boue
Le présent désole Osons la parole
Sortons de la boue Osons dire tout
Qu’enfin se réprime Ce genre de crime
Paroles de Jacqueline Persini / Musique de Chantal Grimm (janvier 2021)
Le consentement
de Vanessa Springora
C’est le récit d’une triple emprise : psychique, sexuelle, littéraire.
En 1986, Vanessa a 13 ans. Dans un état de grande détresse, elle attend le prince charmant et c’est un ogre quinquagénaire qui se présente sous les traits de Gabriel Matzneff, grand prédateur des enfants et des adolescents.
Dans le sillage de mai 68 « il est interdit d’interdire », la mère de Vanessa, l’élite intellectuelle, les professeurs, les médecins, les médias, tous aveuglés par le talent et la notoriété de l’écrivain montrent une grande complaisance à ce genre de dérive.
L’auteure raconte sa descente aux enfers, sa reconstruction, son besoin de se réapproprier son histoire.
Son livre pose la question de l’âge minimal du consentement.
Comment admettre qu’on a été abusé quand on a été soi-disant « consentant » ?
Le consentement a-t-il un sens lorsqu’il s’agit d’une relation inégale et toxique d’un adulte avec un enfant ou adolescent ?
Ceux-ci en pleine transformation sont vulnérables et les prédateurs ont l’art de s’engouffrer dans leur désarroi et leurs failles.
Personne n’est au-dessus des lois et rien ne justifie de pareils actes.
Vanessa Springora donne du courage à ceux et à celles qui ont subi cet outrage. Peut-être, pourront-ils à leur tour sortir du silence, prendre la parole, trouver des moyens pour se reconstruire ?
Des échanges plus nombreux entre parents enfants autour de ces questions permettraient de prévenir ce genre de crime.
Des prises de conscience ont pu se faire face au problème de la pédocriminalité. Une avancée se profile dans des questions essentielles que la société reprend à son compte actuellement.
Le livre de Vanessa Springora m’a inspiré le texte : « L’ogre et l’ingénue »
Musique et Interprétation : Chantal Grimm
Accompagnement et Arrangement studio : Michèle Garance dans le cadre de l’association des écrivants chanteurs créée par Chantal Grimm:
Jacqueline Persini